Retour page d'accueil Contacter la rédaction P 24.fr

Hommage à Florent Schibler

prononcé par Joël Jullien
Lors de notre repas au Château de la Tremblaye


Le 14 mars, la triste nouvelle a résonné dans nos têtes.
L'instant de doute est devenu une triste réalité : Florent SCHIBLER est décédé accidentellement.
Une délégation nous a représentés (sa promo des arpètes de la P24) auprès de la famille à l'occasion de ses obsèques .

C'est l'émotion qui nous étreint aujourd'hui au moment où nous sommes rassemblés pour nos retrouvailles annuelles tant attendues par nous tous. Un grand vide dans nos rangs aura marqué cette année 2010, celle de nos 70 printemps.

C'est surtout un grand malheur que la mort de Florent SCHIBLER, notre Président, notre guide, notre ami arpète. Pensons que c'est lui même qui était l'an dernier à l'initiative de notre venue ici, aujourd'hui, au Puy du Fou, avec le concours de Bernard RENSON et Michel DERIAZ.

Florent aimait être devant, non pas pour se mettre en avant mais pour tout simplement prévenir, montrer au mieux la direction et la marche à suivre - éviter la fausse route- Florent ne nous a pas faussé compagnie, il nous a tout simplement devancés quelque part. Je ne sais ce que vous en pensez. Pour ma part, croyant en l'éternité, je ressens qu'il doit nous voir, nous ses amis, ses frères arpètes qu'il aimait tant.

René JEGOU a remarquablement montré tout ce que Florent a su faire et mettre en place pour les P24 et je ne vais pas reprendre, autant que possible, ce qui a déjà été dit. On peut imaginer qu'il est quelque part parmi nous, je peux dire que je le considérais comme un frère.

A Saintes, on se côtoyait dans la même classe et pour ma part, j'avais une culture très paysanne issue de mes origines bretonnes implantées loin du monde conventionnel. Très vite, je me suis rapproché de toi car tu avais, je ne sais quoi d'attirant et de rassurant dans ta façon de parler calmement en expliquant les choses avec ton super accent alsacien qui t'allait très bien . Avec toi tout était simple et limpide car déjà à 16 ans, tu avais cette qualité de force tranquille que tu as eu l'occasion de nous montrer lors de nos différentes retrouvailles annuelles.

Une anecdote m'est venue à l'esprit en pensant à tout cela . Après l'année à SAINTES, nous voilà à JOINVILLE avec bien sûr la séparation des élèves selon les critères connus mais surtout avec des cohabitations nouvelles. Pour ma part, compte tenu de ma position dans la chambre, j'étais bombardé chef de chambre. Bien sûr qui dit chef dit aussi responsable. C'est toi Florent qui est venu à mon secours pour montrer et démontrer la manière de faire pour que les " récalcitrants " entrent paisiblement dans le rang. Ensuite, je n'ai eu aucun problème.

Florent, c'est l'artiste qui sait expliquer et montrer qu'il y a toujours des solutions et des choix judicieux à faire. Tu nous en as donné la preuve tout au long de ta carrière professionnelle. Comme beaucoup d'entre nous, tu n'avais pas une attirance particulière pour la mécanique, si bien que tu as opté pour un changement d'orientation . Tu as choisi le pilotage type transport qui t' a conduit vers le monitorat à l'académie de l'Armée de l'Air dans ce domaine, à AVORD. Là, tu as consacré ton énergie à la formation des jeunes élèves pilotes qui, nous en sommes certains, garderont pour toi, une profonde reconnaissance de les avoir formés à ce beau métier.

Florent, je pense que tu avais sans doute l'étoffe d'un chef et tu aurais pu faire une " belle carrière militaire " mais l'incompréhension de certains dans le milieu, t'ont décidé à voir l'aviation d'une autre manière. C'est ainsi que tu as franchi une autre étape te conduisant vers l'aviation civile. Ayant en poche les qualifications indispensables, tu es devenu pilote privé (d'avion et d'hélicoptère) pour un groupe commercial de renommée mondiale : le groupe ACCOR.

Tu as vécu une belle carrière dont tu aimais raconter de nombreuses péripéties de ton métier de pilote. En plus de tes voyages d'affaires, tu t'entretenais par une bonne activité de pilote moniteur-instructeur à l'aéroclub d'Aubigny, non loin de ton domicile à ALLOGNY où l'entretien de ta fort belle et accueillante propriété faisait partie de tes loisirs.

La plupart d'entre nous a cessé toute activité à la soixantaine mais pas toi Florent. Tu ne savais pas dire non c'est pourquoi tu n'étais pas peu fier qu'après ton départ en retraite ton ancien patron vienne s'enquérir de tes services. Evidemment tu ne pouvais pas refuser de reprendre l'activité. C'est ainsi que jusqu'à ces dernières années, tu continuais à t'entraîner sur le simulateur de vol installé chez toi et aussi à voler à l'aéroclub afin de garder la forme en vrai professionnel que tu étais.

Vous avez compris que Florent a vécu pratiquement deux vies en une, tant son activité était débordante. Il était très attaché à sa famille, toujours associé à Bernadette pour laquelle il était aux petits soins, de même que pour ses enfants et petits enfants. Alors une question se pose à nous tout naturellement. Comment faisait-il pour penser aussi à ses copains quand ils étaient malades pour les uns, dans la panade pour d'autres et créer ainsi un réseau de solidarité? Pour ma part, je crois qu'il a toujours eu une certaine longueur d'avance sur nous, un peu comme avec un grand frère.

Par exemple, en 2005, je me trouvais hospitalisé pour Noël en assez mauvais état. A l'issue d'une grave opération et d'une convalescence de 3 semaines, ça n'allait pas très bien d'autant que la météo était exécrable. Florent s'est organisé pour trouver une location en Andalousie où le soleil irremplaçable a permis une meilleure et plus rapide guérison. Bien sûr, je n'avais rien demandé mais là encore il avait ressenti qu'il pouvait faire quelque chose de super bien. Nous sommes nombreux à pouvoir citer des exemples divers où Florent est intervenu soit directement ou indirectement pour aider les uns ou les autres d'entre nous. L'un touché par la maladie ou un autre frappé par un accident de la vie.

Je ne peux que vous encourager à parler de différents faits ou Florent a pu intervenir permettant quelquefois de nous soulager de situations difficiles. Aujourd'hui, c'est Florent, qui aurait dû être à ma place comme d'habitude pour nous prêcher la bonne parole. Avec lui le discours n'était pas long mais toujours clair et précis. Bien sûr, les retrouvailles n'auraient pas porté ce nom si nous n'avions rien à nous dire. C'est pourquoi dès nos rencontres, c'était toujours l'immense brouhaha . Alors souvenez-vous on entendait un immense " vos gueules là dedans !" et le silence obtenu nous voyions Florent resplendissant avec ses beaux yeux clairs.

Pour nous les P24, Florent n'est pas mort. On gardera de lui, son visage radieux, son sourire, son ardeur, sa sensibilité, sa clairvoyance, son amitié ; tout cela est un cadeau de sa part que nous garderons précieusement. Enfin nous connaissions aussi Florent un brin facétieux mais là il est allé trop loin pour nous indiquer le chemin à ne pas prendre, l'erreur à ne pas commettre. Je disais bien que Florent avait toujours une longueur d'avance.

C'est avec une immense tristesse que nous nous tournons vers Bernadette, son épouse, Nathalie et Stéphane, ses enfants, ses petits enfants et toute sa famille pour leur exprimer notre grande sympathie et notre profond respect tant Florent fut grand pour nous.

 

Joël Jullien


Retour page d'accueil